Double tentation iconoclaste.

Publié le par Impressions éphémères, le blog

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Certains ont contracté dès leur enfance une habitude : se coucher tôt. Une discipline, même. Et si un rituel à la fois familial et psychologique l’accompagne, il ne rassure pas pour autant l’enfant dans le futur homme. Il n’empêche, l’adage, dans sa sagesse évidente, l’enseigne : l’avenir leur appartient. Un avenir constitué, dans le meilleur des cas, par une œuvre dans laquelle la quête se conclut par une conquête, une reconquête de soi sous la forme d’une espèce d’éternité, ou de paradis, les vrais bien sûr.

Je ne suis pas de ceux là. Que j’aie perdu du temps, je le constate non sans une certaine amertume. Rien ni personne ne m’interdit que cela cesse, ni que, sans gagner du temps, je vive celui qui se présente tant qu’il est mien, c’est-à-dire l’ombre d’un instant, avant qu’il ne chute dans le passé. Mais ce temps qui m’a échappé, pourquoi le rechercherais-je au lieu de reconnaître, sans tristesse ni joie, qu’il n’est plus ? Quant aux vrais paradis, on les vit avec la conscience d’en jouir. Autant dire qu’ils ne sont pas perdus puisqu’ils ne sont jamais conquis ni possédés. Rêves et désirs font leur étoffe. C’est pourquoi je me couche, depuis longtemps, comme le sommeil m’assomme. Je ne me réveille pas une demi-heure plus tard avec l’idée assez étrange de chercher mon sommeil. Je ne suis pas un écrivain, ni grand, ni microscopique. Mais j’admire ceux qui parviennent à redéployer leur être à partir d’une cuillérée d’une boisson chaude qu’ils n’apprécient pas, et qui supportent d’y émietter un petit gâteau avant de porter à leurs lèvres ce brouet.

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