L'art du marketing, ou l'argent a une odeur de sainteté.
L'Eglise est dans le monde. Soit. Un sociologue, un historien, un polémiste, ou un simple quidam le diront. La spiritualité ne peut échapper à l'époque, à la société, dans lesquelles elle existe. A sa manière elle en dit quelque chose. Que, comme toute institution, elle ait besoin de finances pour maintenir et même développer ses activités cela ne fait que confirmer cette évidence. Il reste à mettre en oeuvre les moyens qui permettent de disposer du budget qui permettra de permettre de réaliser les projets de l'institution au delà même de son maintien. La fin justifie-t-elle les moyens ? Question éternelle (l'adjectif paraît, ici, opportun, puisque l'Eglise affirme l'existence d'une vie éternelle).
La campagne publicitaire (ou de promotion) liée au denier du culte dans l'Ouest de la France mérite quelques réflexions. Donnons acte à l'Eglise que les valeurs d'avenir, les actions et les richesses qu'elle promeut sont les "vraies". Elle explicite à chaque fois ce dont il est question. Sauf à promouvoir une morale de pur narcissisme (s'agirait-il vraiment d'une morale ? Plus vraisemblablement un comportement ou une conduite, c'est tout), on reconnaîtra à l'expérience du respect et de la solidarité, à l'aide aux plus fragiles, à la compassion (pour ne citer qu'elles) une légitimité à se présenter comme principes d'une conduite exemplaire. Mais l'institution qui les promeut, qui en est animée, peut-elle être l'ombre d'une tirelire, d'un porte-feuille ou d'un porte-monnaie ? N'est-elle plus qu'une ombre ? N'existe-t-elle qu'à l'ombre des finances ?
Une ombre, écrit le Petit Larousse (édition 2009, p.710) est une "zone d'ombre due à l'absence de lumière ou par l'interception de la lumière par un corps opaque." J'ajoute que le dessin ainsi projeté est celui du contour du corps opaque. Que les trois objets contenant des espèces sonnantes et trébuchantes interceptent la lumière, on l'accorde aisément : l'argent est, depuis des lustres et de manière sans cesse croissante, ce qui attire les feux de la rampe, ceux des projecteurs. Il est devenu à la fois la boussole et le Soleil de nombre de nos contemporains et de la presque totalité des guides de l'opinion. Dans cette campagne appelant au don, la lumière vient d'ailleurs : est-ce là le massage ? Il semble bien, malgré tout, qu'il faut un véritable miracle pour obtenir l'ombre qui apparaît. Et une foi indéfectible pour se dire que l'argent n'a pas d'odeur. A moins qu'à la foi on ajoute les parfums de l'encens.
Il reste une coïncidence troublante, qui se change en lapsus révélateur. Il est vrai que l'enfer est pavé de bonnes intentions, et le marketing de mauvais publicitaires.