Quelle image de soi affronter ?
Le précis rassure, le trouble inquiète. D'un côté le diurne, dessiné avec netteté par la lumière. Chaque détail paraît accessible, disponible pour une perception qui permettrait de devenir comme le propriétaire de ce qui ne garde aucune secret. En pleine lumière, aucun retrait, aucun secret. Ce que je connais ne peut plus me surprendre. D'un autre côté le nocturne, qui s'efface peu à peu. Les contours épousent ce qui est proche, tend à se fondre avec lui, à se dissiper dans un grand tout indifférent. De là peuvent jaillir des êtres mystérieux, inattendus, inquiétants. Le monde du rêve, bien sûr, c'est-à-dire de ce qui apparaît sans que l'on sache ni comment ni pourquoi, ce qui envahit, s'installe. Et l'on ne sait plus si l'on dort ou si l'on est éveillé. Le rêve ouvre grand les portes de l'imaginaire, avec tous ses possibles, y compris les pires, ceux qui transgressent les limites de l'acceptable, du supportable. On y perd tout. On y gagne aussi parfois une vérité sur soi. Mais est-on toujours prêt à accueillir le vrai ? Est-on prêt à s'aimer lorsque l'on se découvre tel que l'on est et no tel que l'on aurait aimé être ?
La nuit est proche. Le soleil de janvier décline déjà. Les reflets sur la glace revêtent leurs teintes crépusculaires. Lorsque la nuit aura fait vibrer ses ombres, la glace sera devenue noire. Inquiétante image de soi.