Un monde dans le pas.
Chacun dispose d'un monde. Quel est le sien ? Maintenant, paisible pour ce cheval, selon toute vraisemblance, avec une touche de distance. Il garde son mystère. Pas parce qu'il est cheval, mais parce qu'il est autre. Comme tous les autres. Avec cette particularité qu'il ne peut pas chercher à exprimer, à décrire, à expliquer, à s'expliquer en tentant de se faire comprendre. Nous prétendons y parvenir. A tort.
Chacun dispose de son monde, et ce monde est inaccessible. Ce que l'on peut voir comme un enfer : condamné à ne faire accéder personne à soi, et à ne pas regarder ce qui existe pour l'autre, et ainsi brûler dans le désespoir de l'absence. Ou comme une route ouverte : libre de déployer son propre horizon, d'en explorer la singularité, d'en décrire ce que l'on veut, de jouer avec les autres en construisant un horizon commun, comme une place publique où l'on se retouve avant de rentrer chez soi. On peut osciller, passer de l'un à l'autre. Sur la route, les rencontres offrent de se dire que chacun doit tenir sur ses pieds, trouver en eux l'équilibre, le mouvement. Elles permettent d'écouter les pas de l'autre, de faire entendre les siens. Ainsi se trouve-t-on à égalité avec le cheval qui ne cesse de faire résonner son monde dans son pas.