Scène de la vie quotidienne.
Un homme et un chien promenaient une laisse. Ils la maintiennent bien tendue, de crainte qu'elle ne profite d'un relachement pour faire des noeuds, trainer avec les pavés, s'enrouler autour du moindre objet dressé sur son chemin. La laisse, quoique d'invention humaine, n'aspire qu'à la fantaisie, à la désobéissance, à l'insoumission. "Laisse, Moi ?" s'offusque-t-elle pour qui tend l'oreille vers cet improbable locuteur. "Fil tendu entre deux rêves, voilà ce que je suis ! Et quand je parle de rêve , cela signifie simplement des espèces d'apparitions nocturnes. Car qu'est-ce donc que cet être qui pose entre trois et cinq de ses extrémités sur le sol, en fonction d'on ne sait quelle fantasmatique raison comme le jet latéral de liquide, la pose d'une noire extrémité aspiro-soufflante, humide, le déplacement ? Et cet autre qui maintient de manière variable son équilibre sur deux surfaces mobiles ? Laissez-moi simplement maintenir à distance ces deux expressions du pas grand chose. L'un vient encore de déposer une matière informe et odorante, et l'autre de lever son extrémité supérieure vers l'azur. Y a-t-il là des attitudes sensées ? Vaines, c'est certain. Lorsque le monde ne sera peuplé que d'êtres comme moi, il sera propre, calme. Plus rien ne se passera. Sauf des pelotes de liens sans objet à maintenir ensemble."