...Que l'on n'a pas su retenir.
Apparaître ou disparaître. Il y a des lieux où cette alternative perd de sa force au profit de ce qui passe et se passe. Dans ce qu'il reste d'une abbaye désormais consacrée à la mise en espace d'oeuvres d'arts plastiques, un tableau présente une figure humaine dont on ne peut décider si elle va s'affirmant ou si elle perd de sa présence. Une marche maintient symboliquement le spectateur à bonne distance. Ce visage est-il féminin ou masculin ? De quoi son regard posé sur nous est-il fait ? De la tristesse de nous quitter, de voir ce monde s'éloigner et se perdre, d'imaginer les possibles heureux qui se dérobent. De l'incertitude concernant ce qui va être. Et soudain l'on peut se dire qu'il en va ainsi de tous ceux et de toutes celles que l'on croise. Plus encore à propos de celles auxquelles Brassens a voulu "dédier ce poème...". Il y a une certaine mélancolie qui tient peut-être au cadre, mais surtout au propos qui libère le pointillisme de la représentation au profit du malaise de la présence qui affirme son absence, son retrait. Il y a cela dans ces passantes,
"... celles qu'on connaît à peine
Qu'un destin différent entraîne
Et qu'on ne retrouve jamais."
Tableau de Jean Faucheur.