La liberté, en graff officiel et en problème.
" La liberté, Sancho, est un des dons les plus précieux que le ciel ait faits aux hommes. Rien ne l’égale, ni les trésors que la terre enferme en son sein, ni ceux que la mer recèle en ses abîmes. Pour la liberté, aussi bien que pour l’honneur, on peut et l’on doit aventurer la vie ; au contraire, l’esclavage est le plus grand mal qui puisse atteindre les hommes. Je te dis cela, Sancho, parce que tu as bien vu l’abondance et les délices dont nous jouissions dans ce château que nous venons de quitter. Eh bien ! au milieu de ces mets exquis et de ces boissons glacées, il me semblait que j’avais à souffrir les misères de la faim, parce que je n’en jouissais pas avec la même liberté que s’ils m’eussent appartenu ; car l’obligation de reconnaître les bienfaits et les grâces qu’on reçoit sont comme des entraves qui ne laissent pas l’esprit s’exercer librement. Heureux celui à qui le ciel donne un morceau de pain, sans qu’il soit tenu d’en savoir gré à d’autres qu’au ciel même !"
Être libre, est-ce ne dépendre que de soi ... et du ciel ? A ce compte, comment prétendre que l'on peut atteindre cette situation ? Comme si les autres auxquels chacun doit tant pouvaient disparaître sous prétexte qu'ils ne me témoignent pas maintenant de leur bienveillance. Dois-je à moi-même de parler et de réfléchir ?
La liberté n'est-elle pas bien plutôt ce que l'on parvient à affirmer à partir des conditions qui s'offrent à nous, et qui, pour un grand nombre, nous sont offertes (même involontairement) par d'autres ?
C'est tellement plus valorisant de croire que l'on est capable de ne rien devoir à personne... à part au ciel (mais dire cela revient au même : on ne doit rien à personne) !