Jouer avec le lieu.
Observer une personne dans des situations variées pour la connaître. Au moins un peu. Les scientifiques ne font rien d'autres, et ils ne s'en sortent pas si mal. Pourquoi ne pas faire varier le point de vue, mais aussi l'ouverture des yeux, et les filtres de l'imagination afin de mieux regarder un lieu ?
Cela revient-il à déformer ? A trouver les formes que le lieu secrète, qu'il sait amener au jour à partir de lui-même. Sa manière d'être au monde avec une certaine complexité. C'est aussi une façon de se dire que l'on peut agir sur la réalité, entrer en relation avec elle, ne pas la considérer comme un bloc inaltérable.
Chercher à la faire varier au point où elle pourrait se dissoudre. Et admirer sa résistance, sa persistance par-delà les tentatives liliputiennes d'attenter à sa gulliverité. Trouver en cela un jeu à deux, dans lequel chacun peut éprouver du plaisir à faire donner toute leur mesure aux règles qui le constituent.
Arrive un moment où le jeu se tend, parce que chacun cherche à marquer des points, même si la coopération est requise. Jusqu'où se donner la liberté de faire apparaître l'autre dans sa variété? A partir de quel moment risque-t-il de se diluer ? Le regard doit chercher à maintenir le lieu dans sa richesse, dans sa force aussi, et, qui sait ?, dans sa violence. Et si la couleur n'était qu'une manière d'habiller le réel pour ignorer son indifférence à notre égard ?