Instant et éternité.
Il y a de la réussite dans les ratés (un compliment pour une critique : lucidité bienveillante...). Le soleil a fait d'une fleur un photophore. Devenu étoile de l'étang, le nénuphar attire quelques mouches d'eau...
C'est bien joli de raconter les choses ainsi, mais on ne voit pas les pétales à cause d'une luminosité trop forte. Le contraste de la finesse des pétales, fragiles parce qu'immaculés, avec la robustesse des feuilles lisses aux courbures sensuelles aurait dû produire un jeu d'aller et retour... C'est ainsi : il faut accepter ce qui est. Sans pour autant se résigner ! Dès demain, il faudra tenter de rectifier cette erreur... mais le nénuphar se sera un peu plus ouvert, alors que cette boule laissait imaginer le déploiement progressif du plaisir d'être fleur admirée. Là encore, il conviendra d'accepter d'avoir regardé le temps passer, et de recueillir un peu de l'instant. Des traces, une ombre.
Décidément, un cliché donne le sentiment de passer de l'instant fugitif à l'éternité immobile, de vaincre le temps. Il le perd en croyant en saisir l'essence. On vit dans l'éphémère. L'éternité, c'est bon pour ceux qui ont renoncé à la vie, pour qui l'a perdue. Avec la photo on peut croire que l'on unit les deux : on vit et on dispose d'une image de l'éternité. Douce illusion. Dont la vie est faite.